RFI: En Centrafrique, des victimes des exactions russes brisent la loi du silence
Un rapport de l’ONU dénonce les exactions de Wagner en République Centrafricaine (RCA).
RFI – mai 2021 – Article original
Depuis que la RCA fait appel au groupe de société militaire privée (SMP) Wagner, des exactions sont commises dans le silence et l’impunité en RCA. Les activités et opérations du groupe Wagner sont secrètes. Elles sont rendues opaques par l’intervention d’une multitude d’entreprises. Existent notamment Sewa Security, qui s’occupe de la composante militaire et Lobaye Invest, qui prend en charge la composante communication, désinformation et extraction de ressources naturelles.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a créé un Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires. Ce groupe de travail a publié une série de rapports internes démontrant les exactions imputées au groupe Wagner en RCA.
Une force armée ne peut faire ce qu’elle veut. Elle doit respecter un certain nombre de règles du droit des conflits armés. Il s’agit de s’assurer que les combattants ne font que ce à quoi ils sont destinés : assurer la sécurité, défendre la population, rétablir la paix ou garantir la stabilité. Or, les mercenaires de Wagner ne respectent absolument pas ces règles.
Les civils ont commencé à oser parler malgré la menace lorsque les mercenaires de Wagner ont attaqué des civils dans une mosquée, en violation des traités internationaux garantissant la protection de bien culturels. Ils n’ont pas seulement montré leur dédain pour l’islam mais aussi leur ignorance du droit humanitaire en entrant dans cette mosquée. Des rebelles s’y seraient cachés et les mercenaires de Wagner les ont alors poursuivis. Ils étaient alors tenus à la distinction entre combattants et non-combattants. Toutefois, il se sont mis à prendre des fidèles à parti et à leurs infliger des violences et à en fusiller même certains. Ils ne respectent ainsi absolument pas le respect pour la religion imposé par les traités internationaux du droit des conflits armés. L’islam accorde une protection particulière aux enfants, tout comme le fait le droit humanitaire. Malgré ces interdictions, les mercenaires de Wagner auraient tué des femmes, des personnes âgées et des enfants dans cette mosquée.
Les rebelles seleka étant des musulmans, il est tout naturel qu’ils se soient réfugiés dans une mosquée alors qu’ils étaient assiégés. Mais il serait érronné de considérer l’islam comme participant à la violence, comme semblent le faire les mercenaires de Wagner en s’attaquant à la mosquée et à ses fidèles. Toute religion et toute tradition locale doit être respectée, ce que le Groupe Wagner ne semble pas intégrer dans les formations de ses personnels.
Les arrestations arbitraires sont encore une preuve supplémentaire de l’ignorance complète de la distinction entre combattants et non-combattants par Wagner. C’est une nouvelle manifestation de leur brutalité en dehors du lieu de culte, dans lequel ils avaient montré leur barbarie vis-à-vis de la spiritualité et du sacré.
De manière similaire, la SMP Wagner ignore complètement le principe de proportionnalité. En effet, un incident technique avait empêché un camion de s’arrêter à un barrage routier tenu par des mercenaires de Wagner. Les Russes ont donc tiré sur le camion. Non pas sur les pneus ou le moteur mais directement sur l’habitacle et les civils qui y étaient présents. C’étaient donc des tirs pour blesser ou tuer, ce qui n’était pas nécessaire et absolument disproportionné. Il s’agit donc encore une fois d’une violation du droit humanitaire.